jeudi 9 mai 2013

LOUTHERBOURG par Caroline Megel


LOUTHERBOURG 

STRASBOURG 1740 -LONDRES 1812 : TOURMENTS ET CHIMERES
du 17 novembre 2012 au 18 février 2013 Au Palais Rohan


© Photo de Caroline Megel

Pour découvrir l’exposition sur un peintre inconnu du grand public, le spectateur doit dans un premier temps visiter le musée des Beaux-Arts. Un couloir annonce l’exposition ; un lourd rideau marque le commencement. Deux portraits de Philippe-Jacques de Loutherbourg nous font face. Réalisés par l’artiste lui-même et par Gainsborough, ils représentent deux âges de sa vie, somme toute très tumultueuse. En 1769, appréciant ce peintre, Diderot en parle par ces termes élogieux : « Loutherbourg a un grand talent, je ne lui refuse pas même du génie ». Les visiteurs peuvent en faire l’expérience. Chacune des dix salles témoigne de ses divers sujets de représentation : des paysages pastoraux, des tempêtes maritimes, des repas conviviaux au milieu de la nature florissante. La galerie, censée abriter les natures-mortes, marque la transition entre la France et l’Angleterre. Nous y découvrons des œuvres plus esquissées, telles des gravures, des aquarelles ou des caricatures, mais également des scènes théâtrales. La diversité artistique est mise en évidence dans l’Eidophusikon. Il s’agit d’une représentation scénique, qui intègre la peinture, le théâtre, et tous les moyens mécaniques pour rendre la dramaturgie réaliste et vivante. Son intérêt pour la mise en scène est présente dans ses œuvres picturales. Par une touche léchée et vaporeuse, le paysage sert de décor à l’action. Semblables à des collages, les personnages se détachent du fond par une touche plus précise et minutieuse. Les couleurs chatoyantes accentuent la vivacité des personnages, leur conférant un théâtralisme dans leurs mouvements et leurs expressions.

© Photo de Caroline Megel

Continuons notre déambulation par les salles suivantes ; pénétrons en Angleterre du 18ème siècle. Loutherbourg dépeint ce pays étranger de manière plus romanesque par des paysages de fantaisie, des toiles retraçant des moments historiques et bibliques. Terminons par des scènes de catastrophes où bandits, incendies et naufrages en sont le sujet. Mais les œuvres les plus majestueuses sont celles correspondant aux naufrages, témoignant d’un sublime exacerbé : théorisé et développé par Kant en ces termes « ce qui est purement et simplement grand » et mis en image par l’artiste. Ses tableaux rendent perceptible la tempête impétueuse, les vagues déferlant sur la côte rocheuse et les navires s’échouant sur le rivage. L’œuvre de Loutherbourg est remarquable par sa capacité à nous faire ressentir le bruit de la forêt, le souffle du vent, les rires et les cris des hommes, la chaleur du feu et les embruns d’un océan dans la tourmente. Sa peinture devient romantiquement sonore ; l’expression de l’âme de l’artiste et de la nature angoissée.

Caroline Megel



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire